Par UJA de Paris, 16 November 2017

Nous retranscrivons ici les discours prononcés au terme de l'Assemblée générale de l'Ordre des Avocats de PARIS de ce 6 décembre 2011 par Christiane FERAL-SCHUHL et Yvon MARTINET, Bâtonnier et Vice-Bâtonnier confirmés.

DISCOURS D’INVESTITURE DE CHRISTIANE FERAL-SCHUHL, BÂTONNIER CONFIRMÉ

Discours d'investiture de Christiane FERAL-SCHUHL et d'Yvon MARTINET, Bâtonnier et Vice-Bâtonnier confirmés
Madame et Messieurs les Bâtonniers, Chers Confrères, Chers Amis, Cher Yvon, C'est avec une grande émotion que je prends la parole aujourd'hui, 6 décembre 2011, face à vous tous. C’est avec cette grande émotion que je fais mon premier discours de bâtonnier... Monsieur le Bâtonnier Jean Castelain, vous m’avez fait part, dès notre premier entretien, du bonheur que vous avez d’exercer vos fonctions. Ce bonheur, vous me l’avez communiqué. Merci ! Je l’éprouve à mon tour, au moment où je reprends le flambeau, avec fierté et détermination. Dans cette magnifique bibliothèque, témoignage de notre passé, parmi tous ces ouvrages, dans la continuité de l’histoire des nôtres, entourée de la mémoire des anciens… je m’adresse à vous, pour vous parler de notre profession, de notre avenir. Nous avons voulu, Yvon Martinet et moi-même, que la campagne soit une période d’écoute. Nous avons emmagasiné tous vos espoirs, toutes vos attentes, toutes vos idées. Dès notre élection, vous avez été très nombreux à vous rassembler autour de nous, à proposer spontanément et bénévolement de nous aider à construire notre projet. Le dauphinat a été une année de mise en œuvre. Je remercie très chaleureusement Monsieur le Bâtonnier Jean Castelain qui m’a permis d’avancer sur nos projets tout au long de cette année. Déjà, plusieurs objectifs sont atteints, grâce à la mobilisation de 300 d’entre vous : des élus, des non-élus, des futurs élus, des permanents de l'Ordre, de la CARPA, de l’EFB, des personnes extérieures à notre profession, de tous horizons. 21 commissions ! 125 réunions en 2011 ! Des actions concrètes pour construire un Ordre partenaire, un Barreau impliqué… Nous sommes Aujourd’hui, avec vous ! Nous avançons sur le chemin que nous avons tracé ensemble pour continuer, avec vous, à faire exister cet Ordre partenaire à votre service. I - UN ORDRE PARTENAIRE 1.      Cet Ordre partenaire, je le veux avec obstination – et je vous fais ce soir une confidence – je le veux avec obstination tout simplement parce que, jeune avocat, il m’a terriblement manqué. Ce sentiment est partagé par beaucoup d’entre vous. C’est donc au nom de tous ceux présents ici ce soir, que je m’adresse aux plus jeunes d’entre vous pour vous dire que je veux vous accompagner. Je veux être à vos côtés. Je veux vous donner ce qui m’a manqué. Je veux que, dès votre entrée dans la profession, la réalité de notre métier rencontre vos rêves, vos idéaux et réponde à vos aspirations. 2.      J’ai tout d’abord à cœur de répondre à votre attente, celle de concilier votre vie professionnelle et votre vie privée. Pour cela, la commission « Collaboration » que nous avons créée – composée de collaborateurs, de jeunes installés et aussi d’associés de cabinets – a élaboré une charte : la « charte Chance collaboration ». Cette charte met en lumière les bonnes pratiques qui doivent inciter les cabinets à adopter les « bons comportements » : management - gestion des carrières - égalité des rémunérations - aménagement des horaires pour les jeunes parents - amélioration des conditions de travail pour les collaboratrices enceintes - prévention des conflits… En adhérant à cette charte, les cabinets adressent un message fort aux jeunes collaborateurs : celui de leur adhésion aux valeurs citoyennes et humaines de la société d’aujourd’hui. 3.      Jeunes confrères, j’ai aussi à cœur de vous rassurer, vous qui êtes confrontés, dans un marché difficile, à l’insécurité. Pour cela, nous vous avions promis l’assurance perte collaboration avec adhésion facultative. C’était un engagement de campagne. C’est désormais réalité. Oserais-je vous en parler ici, dans cette bibliothèque si majestueuse ? J’entends comme un murmure, des critiques… On ne parle pas argent ici. Alors, je vous le dis tout bas : 180 euros par an – une charge entièrement déductible – chaque collaborateur qui le souhaite pourra bénéficier d’une indemnisation permettant de faire la liaison entre deux collaborations. Les conditions seront rendues publiques dès la semaine prochaine et le dispositif entrera en vigueur dès le 1er janvier. 4.      A vous tous, avocats, mes confrères, je dis que j’ai à cœur d’encourager l’exercice libéral. Etre avocat, c’est être « entrepreneur ». Un mot d’aujourd’hui ! Qu’il s’agisse de créer son cabinet individuel ou de s’associer au sein d’une équipe, cette étape s’avère parfois difficile, parfois même périlleuse. Il faut savoir tant de choses : comment développer sa clientèle, comment construire une relation de confiance avec son client, comment gérer les ressources humaines, comment tout simplement chiffrer sa prestation... Alors, nous avons décidé de vous accompagner, sous forme de cycles trimestriels de formation, pour franchir les différentes étapes de la création d’un cabinet ou d’une association. Nous avons également décidé de regrouper, sous la dénomination « Barreau entrepreneurial et Solidarité », les différents services de l’Ordre pour vous renseigner, répondre à vos questions, faire connaître les partenariats conclus dans votre intérêt. Dans cet objectif encore, nous avons aussi entrepris, avec les avocats honoraires, d’approfondir les liens intergénérationnels afin d’encourager la transmission du savoir, du savoir-faire et du savoir-être. 5.      Je veux, au travers de ces initiatives, que chacun d’entre vous soit fier d’appartenir à notre Barreau. Ce Barreau riche de 24 000 avocats ! C’est une force. Une si grande force pour faire de la politique professionnelle autrement. 6.      La centrale de référencement, c’était une promesse de campagne. Une centrale de référencement. Encore un mot qui ne se prononçait pas hier. Grâce à Monsieur le Bâtonnier Jean Castelain qui nous a permis de lancer ce projet sous son Bâtonnat – et je tiens encore à l’en remercier chaleureusement – Praeferentia, une communauté d’achats et d’échanges des avocats, existe désormais. Dès janvier, sur le site internet de l’Ordre, vous pourrez acheter les premiers produits labellisés par l’Ordre (reprographie, fournitures de bureau, documentation juridique…), mais aussi accéder à un catalogue portant sur vos voyages, vos loisirs et sur la culture. D’autres produits et services suivront bien sûr. Au-delà de l’intérêt économique d’appartenance, c’est un trait d’union entre tous les avocats. C’est un service que nous voulons ouvrir à d’autres barreaux. C’est une force. Une si grande force pour faire de la politique professionnelle autrement. 7.      24 000 avocats ! Une force. Une force, encore plus si nous savons nous imposer avec e-Barreau. e-(tiret)-Barreau ! Pardon encore pour ce nouveau mot auquel il va falloir vous habituer. Je veux que les 24 000 avocats du Barreau de Paris soient connectés à e-Barreau. Pourquoi ? Parce que la Chancellerie nous l’impose ? Non. Bien sûr que NON ! Parce que c’est une très belle opportunité. E-barreau, c’est la garantie de notre secret professionnel. C’est la garantie d’une profession forte et moderne. C’est faire de chacun d’entre vous un acteur de la société d’aujourd’hui. Si nous n’avançons pas, unis et déterminés dans cette voie, d’autres professions – qui ne bénéficient pas comme nous du secret professionnel – nous imposeront leurs règles et leurs solutions techniques, prenant avantage de cette garantie au service de leurs propres clients. Faisons de cette contrainte une force. Vous avez été nombreux à participer à notre commission RPVA qui rassemble, à notre initiative, divers acteurs du monde judiciaire, avec un seul objectif : vous permettre de disposer d’une solution simple, sécurisée, harmonisée, compétitive. Elle doit nous permettre, non seulement de dialoguer avec les juridictions, mais également entre nous. Elle doit devenir une solution « humaine » favorisant les échanges. Je pourrais vous énumérer bien d’autres actions de cet Ordre partenaire que je veux à votre service. Mais je veux aussi vous parler du Barreau Impliqué. II - UN BARREAU IMPLIQUE Impliqué ? 1.      Je veux ce soir rendre hommage au travail considérable réalisé par les membres du Conseil de l’Ordre. Si les missions essentielles de déontologie, de discipline, de gestion du tableau relèvent de leur seule compétence, je veux qu’ils puissent désormais s’appuyer davantage encore sur les travaux des commissions ouvertes. Ces commissions ouvertes qui sont le « poumon » du Barreau impliqué. Je veux donner aux membres du Conseil de l’Ordre les moyens d’amplifier leurs actions. Je veux leur permettre de mieux mettre en valeur la qualité de leurs travaux. Pour cela, les commissions ouvertes agiront de façon concertée et proactive, sous l’égide d’un Comité scientifique de Publication et de Formation. Par ailleurs, un Comité de veille et de lobbying aura pour mission de relayer les questions qu’elles signaleront et qui peuvent impacter la profession. En d’autres termes, le Barreau s’appuie sur l’Ordre et l’Ordre s’appuie sur son Barreau impliqué. 2.      Notre métier est un beau métier. Je profite de ce moment pour souhaiter la bienvenue à nos confrères avoués. Et je leur dis que, vraiment, ce métier est un beau métier. Mais il est guetté par le stress, la dépression, les maladies, les accidents, les conflits, les ruptures, la perte d’un proche… Nous, avocats, ne sommes pas à l’abri de ces épreuves qui impactent la vie professionnelle. Un numéro « bleu » – couleur de l’Ordre – permettra aux avocats dans le besoin d'être écoutés, puis orientés vers les services concernés de l'Ordre ou vers des professionnels qualifiés pouvant leur proposer un accompagnement personnalisé. C’est tout le travail réalisé par notre Commission « Qualité de vie » qui porte ce projet, depuis plusieurs mois, avec compétence, détermination et efficacité. 3.      Le Barreau impliqué, c’est encore mettre en valeur toutes les actions bénévoles des avocats. Pour que l’image de l’avocat soit meilleure dans l’esprit du public, pour qu’elle ne soit jamais celle d’une profession qui cherche à s’enrichir avant de servir les intérêts des clients, je veux mettre en avant notre serment : dignité, humanité, désintéressement. Les avocats se mobilisent au quotidien pour des actions bénévoles de toute nature, professionnelles ou non, individuelles ou associatives. Ils s’inscrivent dans un mouvement qui reflète l’évolution de notre société : le souhait de s’engager de façon citoyenne et solidaire en dispensant des services à ceux qui en ont besoin. Aussi, en cette période de crise économique profonde, comme l’a évoqué tout à l’heure Yvon Martinet, j’ai la volonté de mettre en lumière, fédérer et développer toutes les actions pro-bono, réalisées par les avocats du Barreau de Paris, par le fonds de dotation Barreau de Paris Solidarité. III – UN BATONNIER VIGIE DES LIBERTES 1.      Vous l’avez compris, j’ai à cœur d’être un Bâtonnier vigie des libertés. Je souhaite, comme tous mes prédécesseurs, continuer à jouer un rôle dans la défense des droits humains et dans l’assistance et le soutien aux personnes en danger et aux avocats menacés dans l’exercice de leur profession. Ici et partout dans le monde. Mais, au-delà de ce rôle fondamental et traditionnel, je veux combattre les risques d’aujourd’hui qui menacent gravement les libertés individuelles. Vous l’avez compris, celles-ci sont particulièrement fragilisées par les technologies. Je ne suis pas de ceux qui redoutent, a priori, le recours croissant aux nouvelles technologies. Tout dépend bien sûr de l’usage que l’on en fait. Mais je dis NON aux technologies qui déshumanisent. Je dis NON aux technologies qui emprisonnent derrière un écran glacé les auditions des prévenus. Je dis NON aux technologies qui tracent les données personnelles en violation des droits des individus. Yvon Martinet a raison, nous devons dire NON, définitivement NON à la société d’intrusion, à la déviation des nouvelles technologies à des fins anti-démocratiques. Nous, avocats, devons porter ce combat quotidien et veiller à ce que les technologies ne conduisent pas à l’asservissement des humains. C’est la connaissance et la parfaite maîtrise de ces outils qui permettront d’identifier les risques et de prévenir les dérives. Les avocats doivent être au rendez-vous. Nous sommes, Yvon Martinet et moi-même, déjà au rendez-vous. 2.      Et puis, au-delà des libertés individuelles, il y a les libertés économiques. Alors, je dis : NON aux braconniers du droit. NON aux pratiques déloyales. NON aux prix abusivement bas dans les appels d’offres publics. NON à l’achat du droit comme on achète un produit en promotion dans un supermarché. NON aux perquisitions systématiques dans les cabinets d’avocats. NON à l’avocat délateur ! Un auxiliaire de justice ne deviendra jamais un auxiliaire de police. Et je dis aussi : OUI au respect absolu des principes essentiels : indépendance, absence de conflit d’intérêts, secret professionnel. OUI à la création de la fonction d’avocat déontologue ou de commissaires aux droits dans l’entreprise ou dans le monde public. OUI à l’implication des avocats dans le développement durable et dans les stratégies de responsabilité sociétale des entreprises. OUI au respect de toutes nos activités au service des citoyens comme des entreprises : droit des étrangers, droit de la famille, droit des personnes en général ou encore droit des affaires et droits de spécialités. OUI aux actions qui permettent aux avocats d’aller à la rencontre des citoyens et des entreprises : soyons présents dans les salons professionnels, dans les mairies, dans les associations. Développons le concept du « droit au droit ». OUI aux modes alternatifs de règlement des litiges : l’arbitrage, la médiation, le droit collaboratif et la procédure participative. OUI aux nouveaux métiers : mandataires en transactions immobilières, agents sportifs, lobbyistes, correspondants informatiques et libertés, fiducie… OUI à l’interprofessionnalité organisée, dans le respect de la déontologie. 3.      Forts de tout cela, poursuivons ensemble la mise en œuvre d’une politique européenne et internationale. Paris, l’une des premières places de l’économie et du droit au monde. Paris qui brille. Paris qui doit poursuivre la conquête des marchés étrangers. Pour mieux affirmer encore la place internationale du Barreau de Paris, nous avons créé un Comité stratégique pour définir sa politique européenne et internationale. Nous avons déjà identifié des villes et pays cibles. Nous avons déjà identifié des référents locaux prêts à nous aider et à relayer sur place nos actions. Nous avons déjà signé des partenariats pour favoriser les stages et collaborations à l’étranger et pour relayer le plus loin possible les informations sur l’activité internationale du Barreau de Paris. Je veux que tous les avocats développent le réflexe européen. Je veux que les avocats se forment à des cultures de droit étranger. Je veux favoriser l’installation de cabinets parisiens à l’étranger. Je veux que les avocats parisiens installés à l’étranger aient eux aussi une fierté d’appartenance à notre Barreau. Voilà autant d’actions qui doivent nous mobiliser pendant les deux ans à venir, afin que notre profession devienne plus unie, plus forte, plus compétitive. 4.      Enfin, je vous dirais tout simplement que ma préoccupation première est de continuer à être à votre écoute, comme nous l’avons toujours fait. Dans la tradition du dialogue que le Bâtonnier doit avoir avec chacun d’entre vous, je resterai attentive à vos préoccupations. Nous irons, Yvon Martinet et moi-même, dans vos arrondissements, à votre rencontre, les yeux dans les yeux. Nous irons aussi, virtuellement, à votre rencontre, sous la forme de « chats », ce mode de communication d’aujourd’hui. Et, pour ceux qui ont pris l’habitude de suivre mon actualité sur les réseaux sociaux, je continuerai à y être présente. Vous l’avez compris, nous voulons favoriser le dialogue de tous les instants sur tous les sujets, ceux qui nous rassemblent comme ceux qui nous divisent. Qu’il s’agisse de l’avocat en entreprise ou de la nouvelle gouvernance, nous souhaitons créer des groupes de réflexion et proposer une approche par étapes. Nous croyons à la pédagogie. Nous croyons à la concertation avec le Conseil National des Barreaux et avec la Conférence des Bâtonniers. Nous croyons au dialogue avec les syndicats et les associations de la profession. Nous croyons à la contamination positive des bonnes idées. Rien ne se fera sans vous. Je suis convaincue que tous ces échanges favorisent la mise en place de cet Ordre partenaire, du Barreau impliqué et d’un Bâtonnier vigie des libertés. * * * * * * * Je ne saurais conclure sans vous dire qu’on ne devient jamais bâtonnier seul. Je veux, ce soir, dire MERCI, du fond du cœur à :
  • mon mari, Laurent, qui depuis bientôt 30 ans, m’a toujours encouragée et soutenue. Son regard, celui de nos fils Paul et Bastien, ont été tout simplement dynamisants !
  • mes associés (avec une mention particulière pour Bruno Grégoire Sainte Marie, mon associé historique depuis 25 ans), nos collaborateurs et collaboratrices, nos assistants et assistantes. Sans eux, je n’aurais jamais pu me consacrer à ce projet.
  • mon équipe, celle qui m’a conseillée, m’a accompagnée, pendant toute la durée de la campagne et du dauphinat. Cette équipe s’agrandit ce soir de vous tous pour atteindre le chiffre magique de 24 000.
  • Yvon Martinet qui occupe naturellement une place très importante à mes côtés. J’éprouve pour lui non seulement de la tendresse mais aussi beaucoup d’admiration. Avec lui, je sais que nous réaliserons tous nos projets !
Nous sommes Aujourd’hui, avec vous !

DISCOURS D’INVESTITURE D’YVON MARTINET, VICE-BÂTONNIER CONFIRMÉ

Madame le Bâtonnier Christiane Féral-Schuhl, Chère Christiane, Vous le savez, vous l’incarnez, vous le portez. Dans la vie, il y a deux catégories d’individus : ceux qui regardent le monde tel qu’il est et se demandent pourquoi ; Ceux qui imaginent le monde tel qu’il pourrait être et se disent : Pourquoi pas ? Alors, Mesdames et Messieurs les Bâtonniers, Bien Chers Confrères, Bien Chers Amis, Pourquoi pas ? Proposer ensemble, humblement, avec le sourire aux lèvres, Le rire dans le cœur, Et comme nous fêtons aujourd’hui la Saint Nicolas, protecteur des enfants, Avec l’esprit d’enfance et d’émerveillement en toute chose, Mais avec la force de notre réalisme, de nos valeurs et notre histoire, Pourquoi pas. Proposer ensemble quelques réponses à la crise systémique que nous traversons, économique, financière et morale, Pourquoi pas Démontrer ensemble que des communautés professionnelles et humaines comme la nôtre peuvent constituer des exemples de solidarité et d’unité, en bougeant en meute, pour se serrer les coudes et servir les autres, Pourquoi pas Vivre intensément cette crise non comme une épreuve insoutenable, mais comme une opportunité à de nouvelles pratiques, à de nouveaux modes de comportement permettant, Sérieusement, sans se prendre au sérieux, Sans dramatiser, mais au contraire en faisant en sorte de détendre chaque situation, De faire, peut-être, de la politique professionnelle autrement ! * *           * Car vous nous avez choisis pour cela, Pour être vos porte-parole, Vous nous l’avez répété l’an dernier et cette année, Notre barreau a envie de se rassembler, de s’unir, de s’impliquer toujours plus au service de nos concitoyens, de nos entreprises, de nos collectivités territoriales et de notre remarquable secteur de l’économie solidaire, Nous avons, avocats de Paris, envie de nous unir, de nous impliquer tous ensemble pour poursuivre la construction d’un Ordre moderne, partenaire de ce Barreau impliqué, rassemblé autour d’un Bâtonnier, vigie de nos libertés professionnelles et économiques, des libertés individuelles et collectives, Vous aviez tellement à cœur de nous transmettre que nous devons autour de cette vigie, Faire face à la tentation de la marchandisation de chaque parcelle de notre corps, de notre cerveau, de notre vie, Faire face à la tentation de dévier les nouvelles technologies de leur objet au prétexte d’assurer la sécurité publique, Et faire face enfin à la tentation de la division et du repli sur nous-mêmes, qui ne ressemble pas à l’image que vous nous avez dessinée et pour laquelle vous nous avez désignés pour être vos porte-parole. * *           * Nous l’avons ressenti très fort depuis notre entrée en campagne début 2010, ce qui nous rapproche est plus fort que ce qui nous divise. Il y a une exigence d’unité, car rassemblés nous sommes forts, unis, nous sommes puissants, impliqués nous sommes invincibles. * *           * Voici donc le projet que vous avez formé pour vous, par nous, porte-parole de ce tryptique :
  • un Ordre partenaire,
  • un Barreau impliqué,
  • un Bâtonnier vigie des libertés.
  1. Pour un Ordre Partenaire, responsable et durable
Sur vos recommandations, nous mettrons en œuvre, dès le 2 janvier 2012, une initiative commune à tous les permanents (avocats ou non-avocats) de l’Ordre, de la CARPA et de l’Ecole de Formation des Barreaux pour nous engager davantage encore dans un management adapté aux besoins des confrères et à notre barreau : Achats responsables, Calcul et compensation de l’empreinte énergétique de nos activités, Amélioration des conditions d’accueil des avocats et des conditions de travail à l’Ordre, Professionnalisme, action, écoute, les trois valeurs de l’Ordre, appliquées au quotidien. Nous appliquerons concrètement à notre niveau, avec l’ensemble des Membres du Conseil de l’Ordre, que je remercie ici du fond du cœur pour leur engagement de tous les instants, Nous appliquerons, là encore avec humilité, Les règles nouvelles de l’économie du quaternaire. Vous le savez, l’alliance des nouvelles technologies de l’information et du respect de l’environnement peut permettre de lancer un nouveau cycle de croissance, l’économie du quaternaire. Le cycle de la rentabilité extrême, sans souci des générations futures est progressivement balayé par une myriade de nouvelles solutions faisant mourir l’économie de l’« avoir plus » pour faire vivre progressivement l’économie de « l’être mieux », l’esprit d’un bonheur partagé. Paul Valéry écrivait que le temps du monde fini allait commencer. Nous y sommes, Et nous le comprendrons mieux encore par cette initiative. * *           * Nos actions spécifiques au groupe Ordre, reprises par tous les cabinets qui le souhaiteront, seront ainsi exemplaires dans une société qui change et se transforme en profondeur. Vous nous l’avez dit et redit dans les 220 rencontres, des 220 cabinets visités durant la campagne, vous souhaitez, avocats, être acteurs du changement économique et social en marche, Avocats, exemples à suivre par leur histoire, leur déontologie et leur éthique de comportement dans une société en quête de valeurs, de médiateurs sociaux, de modérateurs, de garants, de déontologues et naturellement de Défenseurs, Voilà la portée politique et pratique pour notre profession de ces engagements que vous souhaitez dans le nouveau modèle de développement durable en marche, dans les entreprises et grandes institutions, qui postule donc une nouvelle organisation, une nouvelle participation de tous les Français, une nouvelle gouvernance de la République : Les avocats, culturellement, historiquement et politiquement légitimes à incarner ces nouveaux modes de régulation et donc les nouveaux métiers de cette société en transformation, seront acteurs de ce changement. Un changement qui n’est pas celui souhaité par quelques rêveurs, mais celui estimé nécessaire par les économistes les plus traditionnels comme le fondateur du Sommet de Davos, qui appelait dans les colonnes du Monde du 15 novembre dernier à cette révolution des systèmes et des comportements. Nous devons être, en ce domaine, nous avocats, des flaireurs de signes, de semences et des confesseurs de souffle, selon les mots de Saint-John Perse. J’ai envie de vous dédier ces mots de Saint-John Perse dans Anabase, qui conviennent si bien à ce que nous pouvons faire, nous avocats, chercheurs de sens et acteurs du lien avec les autres, « chercheurs de points d’eau sur l’écorce du monde ou trouveurs de raison pour s’en aller ailleurs ». * *           * Nous ne le dirons jamais assez fort, nous sommes, nous avocats, acteurs du lien social, notre raison d’être est notre alliance avec les citoyens et la société, enracinée sur les valeurs classiques et propulsée dans la modernité par les nouveaux champs d’intervention déjà ouverts grâce à nos prédécesseurs Bâtonniers, fondés sur l’absence de conflits d’intérêts, l’indépendance, le secret professionnel et la compétence, les quatre fers de lance de notre déontologie. Les avocats seront au rendez-vous, Nous sommes au rendez-vous.
  1. Oui au barreau impliqué
Un Ordre partenaire, responsable et durable au service d’un barreau impliqué, notamment à travers le fonds Barreau de Paris Solidarité. Le fonds incarnera nos valeurs de dignité et d’humanité en portant, bien entendu, toutes vos initiatives (celle du Bus de la Solidarité que j’ai eu l’honneur de conduire, comme projet et comme bus) ou encore Initiadroit et parce qu’il nous faut soutenir tous vos projets écologiques, humanitaires, juridiques, éducatifs et sociaux qui seront présentés au Comité de parrainage, de sélection et de suivi des projets. Nos valeurs ont su parler au cœur du Ministre Xavier Emmanuelli qui a accepté d’être le parrain du premier fonds de ce type dans une profession réglementée et de nous aider à faire connaître du public toutes les actions des avocats au service notamment des plus démunis de nos concitoyens, des étrangers, des laissés pour compte. C’est notre serment de dignité et d’humanité. C’est l’honneur du barreau de s’impliquer aux côtés de ceux qui souffrent, c’est sa tradition immémoriale, c’est son lien si fort avec le public qui fait des avocats, le partenaire naturel, l’allié le plus sûr des femmes et des hommes de ce pays. * *           * Pour permettre ces initiatives et la mise en situation immédiate de tous ceux de nos confrères qui cherchent à être utiles aux autres sans trop savoir comment au début, nous créons, en partenariat avec l’association Planète Urgence, le congé de solidarité libéral, qui permettra à tous les avocats de partir, s’ils le désirent, durant quinze jours ou trois semaines lors des congés annuels, participer à des projets juridiques, éducatifs, écologiques ou sociétaux à Paris, en France ou dans les pays du Sud, là où le congés solidaire créé par Planète Urgence, il y a plus de dix ans, dans le cadre du Code du travail, s’est beaucoup développé (Afrique, Amérique du Sud)… * *           * Nous le savons tous, vous nous l’avez dit, cette initiation au voyage, ce don de soi, même de courte durée, change une vie, notre vision sur les autres, nos priorités et notre réalité : Engageons-nous, trouvons intimement un sens plus fort encore à la vie, à nos vies, le monde est si différent après et nos comportements sont changés en profondeur. On est riche de ce que l’on donne ! Plus nous donnons, plus nous recevrons, Et plus les avocats de Paris, partout dans le monde, rayonneront !
  1. Autour d’un bâtonnier vigie des libertés
Madame le Bâtonnier Féral-Schuhl évoquera dans quelques instants l’exigence de veille quotidienne face aux risques de déviance des nouvelles technologies vers la société de Monsieur Orwell, c’est vrai qu’Edwige et tous ces fichiers frères et sœurs ont la vie dure !! Depuis toujours, la sécurité et la liberté doivent vivre ensemble et la révolution technologique nous oblige à être encore plus exigeants, vigilants sur les libertés individuelles comme nous le sommes et continuerons à le faire si ardemment sur les droits des gardés à vues, des retenus, des étrangers, des prisonniers, avec les résultats remarquables que nous avons obtenus sous l’impulsion notamment des Bâtonniers Le Borgne et Castelain. Parce que vous êtes comme cela, cette exigence et cette vigilance doit porter bien évidemment sur le respect de notre déontologie, première de nos libertés professionnelles, point cardinal de notre différence de marché et dans la société. Notre déontologie ne doit pas être abîmée sous le prétexte de mercantilisme. Notre déontologie est au contraire le seul rempart contre la tentation de l’Argent roi, L’avocat est sans serviteurs comme sans maîtres ; c’est la liberté d’un être trop fier pour avoir des protecteurs, trop peu puissant pour avoir des protégés : le Bâtonnier Berryer a raison, encore plus aujourd’hui : « l’indépendance de l’avocat est le sentiment de celui que rien n’arrête dans ce qu’il doit faire, que rien ne contraint à ce qu’il ne doit pas ». Mes Bien chers confrères, nous avons toujours été, et nous serons davantage encore demain, confrontés à cette dialectique de l’éthique et de l’efficacité, de l’éthique et de la réalité, de l’éthique et de la moralité. Vous nous portez, Madame le Bâtonnier Féral-Schuhl et moi-même, à la lutte contre l’abaissement de notre déontologie, Vous nous portez à la lutte contre la dilution de nos principes essentiels sous le prétexte d’une fausse modernité, Vous nous portez à la lutte contre le chant des sirènes de l’argent fou et du conflit d’intérêts permanent et généralisé. Dans cette lutte, vous savez pouvoir compter sur nous, vous êtes les garants, Avocats de Paris, rassemblés, unis, impliqués et déterminés à ne rien laisser au hasard et à ne jamais baisser la garde, Jamais !!
  1. Conclusion
Je veux dire, en ce moment solennel, à mon Ordre, que l’homme que je suis a été façonné par lui, puisque je suis tombé dans la potion ordinale par la conférence du stage il y a déjà 21 ans. Je veux dire, en ce moment solennel, au Bâtonnier Le Borgne le plaisir que j’ai eu à passer cette année 2011 à ses côtés, Le Bâtonnier Jean-Yves Le Borgne, avec le même sens de l’humour que lors de notre rencontre il y a 20 ans à l’occasion de la première Berryer à Bruxelles, le même sens de la mesure, avec beaucoup de recul en toutes circonstances, avec une élégance de tous les instants et une efficacité du propos et de l’action.
Bâtonnier Le Borgne, le barreau vous doit beaucoup, il le sait, il vous l’a dit ce soir, je vous le dis en son nom, cher Jean-Yves MERCI !!! * *           * Je veux dire enfin, en ce moment solennel, Madame le bâtonnier Féral-Schuhl, Que je serai de toutes mes forces à vos côtés pour relever nos défis et endosser ces habits de réforme et de modernité, Je veux vous dire, à vous Madame, mais aussi à tous nos confrères de Paris, réunis ici ou par la pensée, ma fierté d’être, à vos côtés, un engagé volontaire. Je veux vous dire à vous Madame, mais aussi à tous les anciens bâtonniers, l’honneur que je ressens d’avoir été élu dans cette lignée, pour qu’ensuite de l’action forte et construite des bâtonniers Castelain et Le Borgne, nous réussissions le mandat attendu par le Barreau qui nous a portés et fait confiance, Vous pouvez compter sur moi, Vous pouvez compter sur nous, Nous savons pouvoir compter sur vous, Vive le Barreau de Paris ! Longue vie à l’Ordre des avocats de Paris !

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