Dépêchés en ce lieu exotique par la FNUJA et par l’UJA de Paris, Matthieu Dulucq, Vice-Président de la FNUJA, et moi-même nous rendîmes à ces deux rencontres chaleureuses et réflexives, les bras chargés des fruits de la collecte d’ouvrages juridiques organisée par l’UJA de Paris via son opération des « Rabats solidaires » lancée lors de la journée du Jeune Avocat du 18 octobre 2013. Cette opération solidaire a permis la collecte de près de 350 kilos de livres de droit grâce à la générosité des Confrères qui ont bien voulu offrir ces livres et/ou acquérir les rabats offerts par l’UJA en échange de leurs dons destinés à financer en partie l’expédition des livres.
Ce bel élan de solidarité a également pu être concrétisé grâce à la mobilisation de militants actifs de l’UJA qui ont fourni, entre deux dossiers, un effort certain pour transporter, stocker, emballer et conditionner plusieurs centaines de livres.
Le transport assez couteux de ces ouvrages vers la Côte d’Ivoire a quant à lui pu être possible grâce à la généreuse aide financière apportée par le fonds de dotation du Barreau de Paris Solidarité.
Le congrès de la FA-UJA, organisé par l’Association des Jeunes Avocats de Côte d’Ivoire, association jumelée à l’UJA de Paris, fut l’occasion pour nous d’aller à la rencontre de nos Confrères africains en provenance de plus d’une vingtaine de pays différents (Togo, Benin, Mali, Cameroun, Burundi, Rwanda, etc…). Ce fut également l’occasion de faire vivre le partenariat conclu entre la FA-UJA et la FNUJA et d’échanger sur nos problématiques professionnelles respectives.
Nous avons ainsi pu réfléchir de manière prospective sur le thème du « jeune avocat africain au service du développement de l’Afrique ». Une commission de travail ayant vocation à poursuivre cette réflexion a d’ailleurs été mise en place à l’issue du congrès
Le congrès de la FA-UJA fut également l’occasion d’adopter, en assemblée générale, des motions militantes, touchant souvent à la défense de libertés publiques, des motions qui avaient notamment vocation à :
- soutenir les jeunes avocats du Cameroun qui ont vu opposé à leur projet de création d’une UJA locale une très forte résistance du Conseil de l’Ordre du Cameroun ;
- soutenir le Bâtonnier du Barreau du Burundi assigné à résidence pour avoir publiquement dénoncé un projet de modification de la Constitution du Burundi ;
- condamner un projet de loi de la République démocratique du Congo visant à mettre les avocats de ce pays sous l’autorité du procureur général ;
- encourager la formation et la spécialisation des avocats ;
- favoriser la mise en place de régimes de protection sociale des avocats collaborateurs ;
- adopter un modèle de contrat de collaboration garantissant aux avocats collaborateurs des conditions d’exercice décentes telles que : une rémunération mensuelle, la possibilité de développer une clientèle personnelle, un accès à la formation…
L’une des plus belle réalisation du 2ème congrès de la FA-UJA fut certainement l’adoption de ce modèle de contrat de collaboration. Il fut quelques jours plus tard, à l’occasion du congrès de la CIB, présenté par la FA-UJA aux ateliers de la « CIB Jeune » avant d’être défendu et adopté par acclamation par l’Assemblée Générale de la CIB.
Une victoire loin d’être évidente, je me souviens encore avec effarement de cette Consoeur de Kinshasa qui soutenait avec résignation que ce modèle de contrat n’avait absolument aucune chance d’être approuvé par la CIB et par certains Bâtonniers africains car en ce qui la concernait, et elle était loin d’être la seule dans ce cas, sa collaboration ne faisait l’objet d’aucune convention écrite, ne prévoyait pas le moindre congé pour quelque motif que ce soit, ni ne prévoyait de rémunération périodique, et pour cause, sa rétrocession d’honoraires était uniquement composée d’un pourcentage librement déterminé par son cabinet… des honoraires versés par ses clients personnels…, le traitement des dossiers du cabinet n’occasionnant quant à lui que le remboursement de ses frais de déplacement….
Je me souviens également des débats que nous avons eu sur la pertinence de prévoir dans ce modèle de contrat la possibilité pour les collaborateurs de prendre des congés payés, un congé pour cause de maternité ou pour cause de maladie,… avant de finalement opter pour un contrat de collaboration progressiste et militant !
Oui, il y a en Afrique d’incroyables batailles à mener par les jeunes avocats !
Aminata Niakate
Responsable de la commission communication, actions syndicales et associatives de l’UJA de Paris
Déléguée aux relations avec les Confrères africains de la FNUJA
Janvier 2014