Par Christophe Calvao, avocat au Barreau de Paris et Secrétaire Général de l'UJA de Paris
Le 1er décembre dernier, les urnes ont livré leur verdict à l’occasion des élections des membres du Conseil de l’Ordre. Si la joie était de mise avec l’élection de nos deux candidats Nejma Labidi et Antoine Lafon, un chiffre a également retenu notre attention au sein de l’UJA de Paris : 25,28%. Un taux de participation bien faible, signe d’un désintérêt croissant pour la vie ordinale ?
À l’annonce des résultats du 2nd tour des dernières élections du Conseil de l’Ordre, certains commentaires postés sur les réseaux sociaux ont particulièrement attiré notre attention : la forte abstention traduirait, vis-à-vis de ces élections, un « ras-le-bol » des confrères qui, lassés, renonceraient de plus en plus à voter. Mais est-ce seulement vrai ? Nos aïeux avaient-ils plus à cœur que nous de faire vivre cette petite démocratie athénienne qu’est l’Ordre des avocats de Paris ? Les élections organisées il y a 20, 30, 40 ans rencontraient-elles un plus grand succès qu’aujourd’hui ?
Était-ce mieux avant ?
La question mérite une réelle étude approfondie sur le sujet. Cependant, à la faveur de nos travaux sur les cent ans de l’UJA de Paris, un article de notre Président d’honneur Olivier Bernheim, retrouvé dans les archives de la lettre de l’UJA, apporte une première réponse. À la lecture des résultats annoncés pour l’élection du Conseil de l’Ordre de 1977 (une année d’élection au bâtonnat, donnée importante), se constate un taux de participation de 34,84%. À l’époque, on pouvait compter 4.860 avocats.
Un taux d’abstention en réalité plutôt stable
39 ans plus tard, les élections ordinales ayant eu lieu fin 2016 mobilisent 10.279 votants pour 29.264 inscrits, soit un taux de participation de… 35,13%.
Depuis, le taux de participation aux élections du Conseil de l’Ordre oscille entre 32% / 36% pour les années d’élection au bâtonnat et 24% / 27% pour les années sans élection au bâtonnat :
L’abstention : une fatalité ?
Nous pourrions nous satisfaire de cette relative stabilité du taux d’abstention : s’il n’y a pas de chute drastique de la participation d’une année sur l’autre, pourquoi s’en soucier ?
Ce serait occulter le fait que, d’années en années et malgré le renouvellement régulier de la profession, il y a toujours entre deux tiers et trois quarts de nos consœurs et confrères qui font le choix de s’abstenir. Soit, le 1er décembre dernier, 25.500 avocats qui n’ont pas participé à la désignation de leurs représentants au Conseil de l’Ordre.
Désintérêt total pour la vie ordinale, simple méconnaissance des élections, abstention volontaire ou oubli ponctuel… Quelle qu’en soit la cause, il est indéniable qu’une partie de nos consœurs et confrères ait pris ses distances avec la vie ordinale.
Or cette situation n’est pas acceptable : le Conseil de l’Ordre doit pouvoir représenter le barreau de Paris dans toutes ses subtilités et sa diversité. Si l’abstention résulte d’un choix volontaire des avocats abstentionnistes, qui ne souhaitent tout simplement pas s’investir dans la vie de l’Ordre et préfèrent se concentrer sur leurs activités professionnelles et personnelles, soit, cette décision doit être respectée. Si en revanche la majorité de nos consœurs et confrères ne participent pas à nos élections internes parce qu’ils ne parviennent pas à s’identifier aux candidats, ou trouvent que le choix parmi les candidats n’est pas assez large, ou estiment que les thèmes de campagne ne répondent pas à leurs attentes, ou considèrent que le format de la campagne électoral est inadapté, alors il est du devoir de la profession de faire évoluer ce qui doit l’être pour qu’une majorité d’électeurs retrouve le chemin des urnes. Notre démocratie ordinale en ressortirait grandie et renforcée.
À cette fin, l’UJA de Paris entamera dans les semaines qui viennent une réflexion, ouverte à tous les consœurs et confrères du barreau de Paris qui le désirent, votants comme abstentionnistes, portant sur les causes de l’abstention et les moyens de favoriser une plus grande participation.
Le 1er décembre dernier, les urnes ont livré leur verdict à l’occasion des élections des membres du Conseil de l’Ordre. Si la joie était de mise avec l’élection de nos deux candidats Nejma Labidi et Antoine Lafon, un chiffre a également retenu notre attention au sein de l’UJA de Paris : 25,28%. Un taux de participation bien faible, signe d’un désintérêt croissant pour la vie ordinale ?
À l’annonce des résultats du 2nd tour des dernières élections du Conseil de l’Ordre, certains commentaires postés sur les réseaux sociaux ont particulièrement attiré notre attention : la forte abstention traduirait, vis-à-vis de ces élections, un « ras-le-bol » des confrères qui, lassés, renonceraient de plus en plus à voter. Mais est-ce seulement vrai ? Nos aïeux avaient-ils plus à cœur que nous de faire vivre cette petite démocratie athénienne qu’est l’Ordre des avocats de Paris ? Les élections organisées il y a 20, 30, 40 ans rencontraient-elles un plus grand succès qu’aujourd’hui ?
Était-ce mieux avant ?
La question mérite une réelle étude approfondie sur le sujet. Cependant, à la faveur de nos travaux sur les cent ans de l’UJA de Paris, un article de notre Président d’honneur Olivier Bernheim, retrouvé dans les archives de la lettre de l’UJA, apporte une première réponse. À la lecture des résultats annoncés pour l’élection du Conseil de l’Ordre de 1977 (une année d’élection au bâtonnat, donnée importante), se constate un taux de participation de 34,84%. À l’époque, on pouvait compter 4.860 avocats.
Extrait d’un ancien numéro de la lettre de l’UJA
Un taux d’abstention en réalité plutôt stable
39 ans plus tard, les élections ordinales ayant eu lieu fin 2016 mobilisent 10.279 votants pour 29.264 inscrits, soit un taux de participation de… 35,13%.
Depuis, le taux de participation aux élections du Conseil de l’Ordre oscille entre 32% / 36% pour les années d’élection au bâtonnat et 24% / 27% pour les années sans élection au bâtonnat :
Comparaison des résultats des 7 dernières élections ordinales
L’abstention : une fatalité ?
Nous pourrions nous satisfaire de cette relative stabilité du taux d’abstention : s’il n’y a pas de chute drastique de la participation d’une année sur l’autre, pourquoi s’en soucier ?
Ce serait occulter le fait que, d’années en années et malgré le renouvellement régulier de la profession, il y a toujours entre deux tiers et trois quarts de nos consœurs et confrères qui font le choix de s’abstenir. Soit, le 1er décembre dernier, 25.500 avocats qui n’ont pas participé à la désignation de leurs représentants au Conseil de l’Ordre.
Désintérêt total pour la vie ordinale, simple méconnaissance des élections, abstention volontaire ou oubli ponctuel… Quelle qu’en soit la cause, il est indéniable qu’une partie de nos consœurs et confrères ait pris ses distances avec la vie ordinale.
Or cette situation n’est pas acceptable : le Conseil de l’Ordre doit pouvoir représenter le barreau de Paris dans toutes ses subtilités et sa diversité. Si l’abstention résulte d’un choix volontaire des avocats abstentionnistes, qui ne souhaitent tout simplement pas s’investir dans la vie de l’Ordre et préfèrent se concentrer sur leurs activités professionnelles et personnelles, soit, cette décision doit être respectée. Si en revanche la majorité de nos consœurs et confrères ne participent pas à nos élections internes parce qu’ils ne parviennent pas à s’identifier aux candidats, ou trouvent que le choix parmi les candidats n’est pas assez large, ou estiment que les thèmes de campagne ne répondent pas à leurs attentes, ou considèrent que le format de la campagne électoral est inadapté, alors il est du devoir de la profession de faire évoluer ce qui doit l’être pour qu’une majorité d’électeurs retrouve le chemin des urnes. Notre démocratie ordinale en ressortirait grandie et renforcée.
À cette fin, l’UJA de Paris entamera dans les semaines qui viennent une réflexion, ouverte à tous les consœurs et confrères du barreau de Paris qui le désirent, votants comme abstentionnistes, portant sur les causes de l’abstention et les moyens de favoriser une plus grande participation.