1. LE CONSTAT
Depuis 1985, les femmes sont chaque année plus nombreuses que les hommes à prêter serment. Elles représentent aujourd’hui plus de 52% des avocats parisiens. Les dernières promotions d’élève avocats comptent plus de 66% de femmes.
Et pourtant, les statistiques publiées par l’Observatoire de l’Egalite en 2013 sont sans appel :
- 40% des avocates quittent le barreau dans les 10 premières années,
- en 2012, leur revenu moyen était de 57 978 euros contre 100 374 euros pour les hommes, soit un écart de plus de 42%,
- dans les cabinets d’affaires, le pourcentage d’associées stagne entre 15 et 20% selon les sources,
- les retraites moyennes des avocats s’élèvent à 39.000 euros contre 27.000 euros pour les avocates.
2. UN CHANGEMENT NÉCESSAIRE
S'il est devenu impossible de postuler que les équilibres professionnels évolueront vertueusement à la faveur de la féminisation de la profession, la situation n'a rien d'inéluctable.
L’UJA de Paris a la conviction que l'inégalité professionnelle peut être enrayée.
Elle doit l'être en premier lieu par impératif de justice et de conformité aux valeurs de notre serment.
Elle doit l’être aussi au nom de l’efficacité, de la compétitivité et de la modernisation de notre profession car l’égalité professionnelle est vectrice de croissance.
Une prise de conscience collective de notre Barreau conjuguée à la mise en place d'une série de mesures ambitieuses et volontaristes permettrait de changer la donne au bénéfice de tous et toutes.
Car l’égalité ne se décrète pas. Elle exige la mise en place d’une politique transversale à l’instar de ce qui pratique déjà dans d’autres Barreaux outre atlantique ou dans nos grandes entreprises.
3. CHANGER DE PARADIGME
Au cœur de l'inégalité professionnelle se trouve la réduction de la parentalité à la seule maternité et la croyance selon laquelle les femmes devraient opérer des choix - ou procéder à des renoncements - en raison de la maternité.
Or un tel modèle est aujourd’hui révolu et ne correspond plus à la réalité des vies des jeunes avocats ni à leurs aspirations. Tous, femmes comme hommes, aspirent à un épanouissement tant professionnel que personnel.
La problématique de l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle (qu'elle soit familiale ou non), ne doit surtout pas être envisagée du seul point de vue des femmes, mais discutée avec l'ensemble de la profession afin que s'évince une vision collective et partagée de ce que devrait constituer un exercice professionnel égalitaire permettant à chacune et chacun de satisfaire sa conception propre d'un équilibre de vie.
4. LES RÉALISATIONS DE L’UJA DE PARIS EN FAVEUR DE LA MISE EN PLACE D’UNE POLITIQUE EFFICACE D’ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE AU SEIN DU BARREAU DE PARIS
Sur la base d’un rapport sur l’égalité entre les hommes et les femmes adopté par la Commission Permanente de l’UJA de Paris le 3 mai 2012, l’UJA a créé en son sein une Commission Egalité Professionnelle et Questions Sociétales et adopté une série de mesures et de propositions en faveur de l’égalité.
Certaines d’entre elles ont été, sur propositions de l’UJA, adoptées par le Conseil de l’Ordre au mois de mars 2013 :
- Période de protection de deux mois des collaboratrices au retour de congé maternité.
- Instauration d’une Commission Égalité professionnelle, commission paritaire, composée d’associé(e)s, d’installé(e)s et de collaborateurs(trices), qui a pour mission de piloter et coordonner une politique d’égalité de grande ampleur au sein Barreau.
- Création d’un module de formation à l’égalité professionnelle adapté aux particularités de l’exercice libéral de la profession d’avocat à Paris qui sera mis en place, à la rentrée de l’EFB en janvier 2014, dans le cadre des formations initiale et continue.
5. LES PROPOSITIONS DE L’UJA DE PARIS EN FAVEUR DE LA MISE EN PLACE D’UNE POLITIQUE EFFICACE D’ÉGALITÉ PROFESSIONNELLE AU SEIN DU BARREAU DE PARIS
L’UJA propose :
- l’Augmentation des indemnités Chance maternité au minimum à hauteur du tarif UJA (ou de la rétrocession si inférieure);
- la création de confrères « remplaçants » rattachés à l’Ordre et pouvant intervenir pour soutenir les cabinets pendant les absences maladie, maternité ou paternité des collaborateurs.
- un allongement du congé paternité à 4 semaines et l’instauration d’un système d’assurance “Chance paternité” sur le modèle de la “Chance maternité” ;
- l’avance des prestations maternité / paternité par l’Ordre aux cabinets, car notre analyse montre que le système d’indemnisation des congés maternité est source de difficultés pour les cabinets et favorise les ruptures de contrats de collaboration de jeunes avocats;
- mener une réflexion sur la situation des avocat(e)s installé(e)s jeunes parents qui en cas d’arrêt lié à l’arrivée d’un enfant subissent une perte de revenu et des difficultés organisationnelles considérables.